Les recettes d’Airbus dépassent celles de Boeing pour la première fois de l’histoire

Airbus LogoLe constructeur européen, plombé par des charges exceptionnelles, a publié une perte nette de 1,4 milliard d’euros sur l’année 2019. Le chiffre d’affaires est en hausse de 11 %, à 70,5 milliards d’euros, soit le même niveau que Boeing (70,4 milliards d’euros), une première historique. Le concurrent américain a connu une année noire avec la crise du 737 MAX.

Après  un démarrage d’année canon, le ciel s’est assombri pour Airbus sur la fin 2019. Le constructeur européen a publié jeudi matin une perte de 1,4 milliard d’euros au titre de son exercice écoulé, la première depuis dix ans, contre un bénéfice de 3 milliards l’an passé.

Malgré un nouveau record de production (863 avions commerciaux livrés en 2019), l’avionneur a vu son résultat plombé par les 3,6 milliards d’amendes écopées  dans le cadre de l’accord passé avec les justices française, britannique et américaine pour ses affaires de corruption. Airbus a aussi passé en 2019 une nouvelle provision de 1,2 milliard sur  l’avion-cargo militaire du groupe A 400M , pour tenir compte des faibles perspectives d’exportation de l’appareil à moyen terme.

Et c’est ainsi qu’Airbus affiche en 2019 une hausse de chiffre d’affaires de 11 % à 70,5 milliards d’euros, égalant ainsi (et même surpassant) pour la première fois de son histoire le niveau d’activité de Boeing (76,6 milliards de dollars, soit 70,4 milliards d’euros). Une situation conjoncturelle : l’avionneur américain a connu une année noire l’an dernier avec la crise du 737 MAX, qui a provoqué une perte de 636 millions de dollars (584 millions d’euros) et une baisse d’environ 25 % du chiffre d’affaires.

D’ailleurs, le président d’Airbus, Guillaume Faury, a répété qu’Airbus ne bénéficiait pas de la crise du 737 MAX, contrairement à ce que l’opinion pense. Le groupe a un carnet de commandes si plein qu’il ne peut vendre en urgence des A320 aux clients déçus du 737 MAX. « Nous n’avons aucune disponibilité supplémentaire avant 2025 », a précisé le président. Arrivé aux manettes en avril, il semble avoir choisi la voie de tous les nouveaux patrons : charger les comptes 2019 pour mieux rebondir.

La liste des charges exceptionnelles est ainsi longue : 221 millions dus à l’embargo allemand sur les exportations en Arabie Saoudite, 202 millions liés à la gestion de la fin du programme A380 et 103 millions pour la restructuration du spécialiste du fuselage Premium Aerotec, et quelques autres lignes.

C’est pourquoi le groupe passe d’un vert intense avec un résultat d’exploitation record de 6,9 milliards, en hausse de 19 % par rapport à l’an passé, au rouge. Comme le groupe est en forte croissance dans l’aviation civile avec des commandes nettes de  768 avions (contre 747 en 2018), d’ une valeur de 81,1 milliards soit 46 % de mieux qu’en 2018, il a décidé de maintenir une hausse du dividende à 1,80 euro par action (+9 %). Airbus déclare avoir désormais 7.482 appareils inscrits dans ses carnets de commandes.

Autre motif de satisfaction, la branche hélicoptère se défend bien dans un marché en baisse, avec une stabilisation de son chiffre d’affaires à 6 milliards et une amélioration de sa marge d’exploitation de 11 % à 422 millions.

Défense et espace : vers des suppressions d’emplois

En revanche, Guillaume Faury a confirmé le lancement d’un plan de restructuration pour Airbus Defense and Space, dont la rentabilité ne cesse de baisser. Les prises de commandes stagnent à 8,52 milliards pour un chiffre d’affaires de 10,9 milliards en 2019 et un résultat d’exploitation en chute de 40 % à 565 millions.

Tenir les délais de production

A plus court terme, le groupe reste concentré sur sa capacité à livrer dans les temps. Airbus dit pouvoir livrer 880 appareils commerciaux en 2020. Une cible déjà visée en 2019, mais qu’il  avait dû abandonner en cours d’année, ralenti par les retards sur ses chaînes de production. Dans l’immédiat, le groupe n’a pas révisé ses objectifs à cause du coronavirus, du Brexit ou encore du conflit commercial avec les Etats-Unis.

 

Auteur: Anne Bauer et Lucas Mediavilla
Source: https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/malgre-des-livraisons-records-en-2019-les-comptes-dairbus-plombes-par-les-amendes-1171479